La Mosquéé du Vieux Ténès occupe, vers l'extremite du village actuel, un terrain en pente vers le nord. Quelques, cultures, qui ont peut etre remplace un quartier ancien de la ville, la separent de la citadelle mentionnee par EL-BEKRI. Les ruines de celle-ci couronnent encore,au sud-est, l'eperon que contourne l'Oued-Allala. La Mosquée couvre un rectangle assez regulier, qui mesure dans ses plus grandes dimensions, 18m60 sur 34m50. La porte (A), qui donne entrée directement dans la salle de priére, s'ouvre sur la face orientale. Cette porte est placée a 50cm du sol de la rue. On y accede par un perron double etabli sur un massif en maçonnerie. L'etat des marches et l'aspect de la porte laissent supposer que ce dispositif est assez ancien. Sur la meme face laterale; a l'angler Nord-Ouest de la salle, s'eleve un minaret carre tres simple, de 15m de haut et dont la base forme empatement. Une cour étroite et peu profonde longe la face Nord de la salle de priére, le niveau de cette cour est de 2m au dessus du jardin voisin, dont elle est séparée par un petit mur, apparemment ancien. Il est evident que ce mur ne fut jamais precé d'une porte et que,dés l'origine, les fidéles accédaient dans la mosquée par le coté. On trouve dans la cour un puit (J), qui sert pour les ablutions ainsi pue pour les usages ménagers des gens du quartier, et un Tombeau (K) couvert d'une coupole octogonale sur trompes. La presence de cette qoubba fait de cette cour une annexe evidente de la mosquée, maislui enleve de quelque sorte le caractere d'un çahn, cour precedent la salle et consacrée comme elle a la priere. A l'encotre de la plupart des çahn, elle n'a pas de galeries laterales, et tandis que le mur du Nord ne l'isole qu'imparfaitement des jardins, elle est bordée vers le sud par le mur de la salle de priéres, dont les fentres (L) et la porte (J) ne paraissent pas anciennes. Il semble donc que lq mosquée consiste essentiellement dans la salle de priéres, dont l'angle Nord-Ouest est occupé par le minaret, s'ouvrant dans l'interieur. .
La salle des priéres est acctuellement couverte par un grand toit a deux pentes, dont les pignons ont ete elevés au-dessus des murs lateraux Est et Ouest. Un examen du sommet des murs bordant les nets et le souvenir des gens du pays, notamment de l'Imam Si'Othman, attestent que la mosquée etait naguére couverte par des terrasses. Leur delabrement les fit remplacer par le toit de tuiles, qui defigurent maintenant l'edifice.
"Les nefs sont au nombre de cinq;mais, contrairement a l'ordonnance presque invariable en Bérbérie, elles sont paralleles qu mur de la qibla----Le mur Sud, ou se creuse le Mihrab---et non perpendiculaire a ce mur. Quatre rangées de dix colonnes chacune portent les arcs dirigés Est-Ouest, qui separent les nefs entre elles, soit quqrante colonnes, dont les futs et les chapiteaux proviennent d'edifices romains ou chrétiens. Des arcs enjambant les nefs isolent les duex dernieres travées de l'Est et les duex derniéres de l'Ouest. Deux arcades régnent également dans la partie centrale de la travée voisine de celle ou se trouve le mihrab"
Plusieurs traits donnent a ce sanctuaire d'un petit centre indigene, un reel interet archeologique. Son anciennete ne fait guere de doute, et nous sommes tentés de l'identifier avec la mosquee dont parle EL-BEKRI. Tenes au XIieme siecle de notre ére, possede un "Djamaa" et quelques "Bazars" (I). Une premiere preuve de cette ancienneté put etre tirée de la presence des colonnes et des chapiteaux réemployés. Durant les premiers siécles de l'occupation Musulmane, les architectes de mosquées, continuateurs des architectes de basiliques, eurent volontiers recours aux édifices chrétiens du pays pour leur emprunter les supports tout taillés, qu'ils y trouvaient. Par la suite, ces carrieres de matériaux étaient épuisées, ils prirent le parti d'elever leurs nefs sur des piliers de maçonnerie.. L'antique Cartennae devait offrir assez peu d'édifices chretiens exploitables; l'emploi des fragements qui en proviennent attestent une fondation musulmane pas tres posterieure a la creation meme de Ténès. Nous devons aussi considerer comme une partticularite notable l'usage des terrasses couvrant cette salle hypostyle. Elle est d'autant plus frappante que , dand le Vieux Ténès, toutes les maisons sont couvertes en toits de tuiles (2). Faut-il considerer que l'emploi des terrasses dans cet édifice religieux nous reporte a un temps lointain ou ce mode de couverture existait dans le pays? Cela n'est pas impossible; mais nous croyons qu'il convient de voir plutot, dans ces terrasses de la mosquée une importation ou une influence plus ou moins directe d'une des seules régions de Berbérie ou la terrasse ait ete la couverture normale des mosquées, nous avons nomme l'IFRIQIYA, la Tunisie actuelle.
Ce n'est pas ici le lieu d'en rechercher l'origine lointaine, de determiner quel rapport existe entre eux et les entablements fragmentaires trés illogiquement la colonne. L"auteur de la mosquée de Ténès n"a le mérite, ni de leur creation, ni de leur introduction dans l'art de l'islam. La Mosqu&ede AMR, a Fostat (vieux caire), rebatie a la fin du VIIieme et au commencement du VIIIieme siecle, contient deja, outre les arcs outrepassés, brisés ou déformés, les impostes en parallelipedes, reliées entre elles par des tirants de bois et portant sur des colonnes. La grande mosquée de Kairouan, qui semble bien,a cet egard, procéder de la vieille mosquée egyptienne, a de meme des impostes oi s'engagent des tirants(fig2). Les impostes o,t permis de surelever les arcs au-dessus des colonnes dont on ne pouvait changer la hauteur, puisqu'elles etait empruntées a d'autres edifices; les tirants maintiennent l'ecartement des murs et consolident l'edifice entier. Cet artifice de construction experimenté en egypte repris par l'Ifridiya du IXieme siecle a la grande mosquée de Kairouan, comme a celle de Tunis, devait maintenir plusieurs siecles en Berberie orientale. son adoption a Ténès, comme celle des arcs déformés et des terrasses, atteste une influence assez innattendue mais evidente de la berberie orientale ---ou a la rigueur de l'Egypte--- dans cette region maritime du Maghreb. .